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Transfert du CHU de Nantes : quelle place laissée à la démocratie participative ?

Plus de 500 personnes, encadrées par un dispositif policier disproportionné, ont défilé ce samedi 12 décembre contre le futur transfert du CHU sur l’île de Nantes.

Prévu pour 2026, sur l’ancien site du M.I.N de Nantes, le futur CHU suscite la colère et l’incompréhension des soignant·e·s. Avec un budget prévu d’un milliard d’euros, ce futur hôpital regroupera les services actuellement répartis entre l’actuel Hôtel Dieu et l’hôpital Laennec, ainsi que l’Institut de Recherche en Santé.

Un regroupement sur un site plus petit, avec moins de lits d’hospitalisation et de réanimation et moins de personnel soignant, motivé par des logiques de rentabilité et enclenché sans débat public : voilà ce qu’ont dénoncé les représentant·e·s du personnel hospitalier réuni·e·s devant l’Hôtel Dieu en début d’après-midi. Des faits détaillés également sur le site du collectif nantais Stop Transfert CHU ainsi que dans leur pétition adressée directement à l’actuel ministre de la Santé. Au micro, l’un des représentant·e·s du syndicat CGT du CHU a rappelé que la crise sanitaire actuelle n’a fait que mettre en exergue les manques d’effectifs et de moyens, déjà signalés depuis trop longtemps à chaque mobilisation du personnel soignant. Un état de faits dangereux pour les patient·e·s, moins bien pris·es en charge et amené·e·s à retourner à domicile de façon prématurée. Une situation également génératrice de nombreuses souffrances au travail et situations d’épuisement professionnel, comme en témoigne l’enquête réalisée par l’Ordre National des Infirmiers d’octobre dernier.

Plusieurs jeunes collectifs, tels que Nantes en Commun·e·s, Féministes Révolutionnaires et Youth For Climate, ont défilé aux côtés des soignant·e·s, conscient·e·s de la nécessité de faire front commun pour impulser la mise en place d’un débat à la hauteur de l’enjeu politique que représente la santé publique. En effet, le projet du futur CHU comporte aussi des incohérences, telles que son implantation sur l’île de Nantes et en zone inondable, dans une zone peu accessible et très souvent saturée de véhicules. Incohérences qui nous rappellent forcément les projets de l’aéroport de Notre-Dame des Landes et du stade du FC Nantes, l’un abandonné grâce à de très fortes mobilisations, l’autre du fait de l’enquête financière visant l’actuel président du club. Un épisode qui révèle une fois de plus la gestion métropolitaine peu démocratique de Johanna Rolland et de son équipe.

Afin de signifier leur désaccord quant à la gestion de ce projet, quelques personnalités politiques d’opposition se sont jointes au rassemblement. On a notamment pu remarquer la sénatrice Laurence Garnier, étiquetée Les Républicains, un parti pourtant proactif en matière de destruction du système de soins français : rappelons que c’est pendant le second gouvernement Raffarin qu’a été mise en place la tarification à l’activité, généralisée par la loi HPST portée par le gouvernement Fillon en 2009. Cette mesure a été vivement critiquée depuis son instauration, comme le symbole d’une logique comptable contraire au fonctionnement même de notre système de sécurité sociale.

Parti d’Hôtel Dieu et après avoir longé les Urgences, le cortège s’est finalement dirigé vers les locaux de l’Agence Régionale de Santé, le préfet n’ayant autorisé cette manifestation qu’à la condition qu’elle soit éloignée du centre-ville, afin de laisser place à la fièvre acheteuse de rigueur en cette période de « fêtes ». Escortée par un dispositif de maintien de l’ordre démesuré compte-tenu de la taille du cortège, la manifestation a pris fin aux alentours de 17h00, après une dernière prise de parole appelant à « ne rien lâcher ». Espérons que les prochains rassemblements réussiront à se tenir et à mobiliser de nombreu·x·ses Nantais·es, afin de recentrer le débat sur la prise en compte des besoins réels des soignant·e·s et de leurs futur·e·s patient·e·s.

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