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Contre le passage en force de la réforme de l’assurance chômage

À l’occasion de la journée nationale de mobilisation contre la réforme, entrée en application ce même jour, les professionnel·le·s de la culture nantais·es ont déambulé dans la ville ce vendredi 1er octobre.

Une trentaine de personnes du monde de la culture étaient présent·e·s place Graslin, à 10h00, afin de partir en cortège nassé jusqu’à la préfecture pour y déposer une motion. Dans une mise en scène joyeuse malgré le contexte aussi maussade que la météo, les participant·e·s se sont divisé·e·s en deux catégories. D’un côté, les riches, et de l’autre les chômeu·rs·ses, ces derni·ers·ères étant encadré·e·s dans une nasse par les premi·ers·ères. L’objectif : trouver un emploi en traversant la rue, comme le président français l’avait si simplement suggéré le 15 septembre 2018.

La nasse s’est donc dirigée vers la préfecture en chansons, marquant des arrêts réguliers pour traverser la rue de façons diverses et variées, à la recherche de ce fameux emploi tant convoité. Malgré l’enthousiasme et l’entrain des chômeu·rs·ses, sous un pluie aussi persistante que la mise en œuvre de réformes précarisant les plus pauvres, force est de constater que traverser la rue n’a permis à personne de trouver un emploi lors de cette déambulation. Ce qui n’a pas surpris grand monde, lorsque que l’on sait qu’il y a actuellement 13 chômeu·rs·ses de catégorie A pour un seul emploi vacant. Précision importante : ne rentrent dans la catégorie A que les personnes sans emploi parmi les chômeu·rs·ses, une seule heure de travail mensuelle suffisant à faire partie de la catégorie B. Une situation qui ne s’est pas améliorée ces derniers mois du fait de la crise sanitaire, malgré les cadeaux en matière fiscale faits par le gouvernement aux grandes entreprises. Ce que dénoncent bien évidemment celleux qui s’opposent à cette réforme, initialement prévue le 1er juillet 2021 mais reportée car retoquée par le Conseil d’État en juin dernier. Comme nous l’avions expliqué dans notre article du 13 mai dernier, du fait du nouveau mode de calcul du Salaire Journalier de Référence, un grand nombre de chômeu·rs·ses, déjà pauvres et/ou précaires, dont le dernier contrat aura pris fin après le 1er octobre, vont voir leurs allocations diminuer drastiquement : un·e allocataire pourrait ainsi se retrouver privé·e d’un tiers de ses allocations et voir sa situation personnelle devenir encore plus précaire.

Arrivé·e·s devant la préfecture, les manifestant·e·s y ont retrouvé le rassemblement initié par l’intersyndicale des retraité·e·s, également venue déposer une motion auprès du préfet. Plusieurs prises de parole ont rappelé que la situation des retraité·e·s étaient elle aussi de plus en plus précaire, avec des pensions de retraite souvent insuffisantes pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. Iels ont ainsi nommé leurs difficultés dans l’accès au soin et à des complémentaires santé dignes de ce nom, dénonçant aussi la destruction des services publics de proximité et exigeant la création de postes rémunérées à leur juste valeur dans le domaine de la dépendance, aussi bien à domicile qu’en structure. Les retraité·e·s ont également rappelé que les plus pauvres d’entre elleux devaient parfois choisir entre se nourrir et payer leurs factures d’énergie, une situation intenable et révoltante dans la 5ème puissance économique mondiale. Les manifestant·e·s du monde de la culture se sont ensuite exprimé·e·s en soutien aux retraité·e·s, puis sont reparti·e·s dans la rue de Strasbourg en direction de la place Graslin, en empruntant la rue de la Marne. C’est donc sur le parvis du théâtre qu’a pris fin cette première partie de mobilisation, les organisat·eurs·rices se donnant rendez-vous le soir même devant le CHU pour une seconde action. Celle-ci a peiné à rassembler, malgré le dynamisme des participant·e·s et l’ampleur de la gravité de la mise en œuvre de cette réforme. Un moment tout de même symbolique à l’issue de cette mobilisation : l’entrée dans le théâtre Graslin, rappelant l’occupation joyeuse des derniers mois et donnant l’espoir d’en refaire un haut lieu de luttes. L’objectif de la manœuvre, pour les occupant·e·s, était d’interpeller le directeur du lieu et la maire de Nantes, rappelant qu’iels étaient toujours en attente d’une tripartite avec la DRAC et réclamant un rendez-vous promis par Johanna Rolland en juin dernier. Enfin, iels ont appelé les personnes présentes à se mobiliser mardi 5 octobre, pour répondre à l’appel national à la manifestation interprofessionnelle.

Temps de travail : 2 journalistes mobilisé·e·s pendant 1 jour

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