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Protection de l’environnement et droit au logement : stop à l’hypocrisie nantaise

Plus d’une centaine de personnes ont participé au Carnaval contre la réintoxication du monde ce vendredi 17 septembre 2021, dans une ambiance festive malheureusement ternie par une forte présence policière en fin de manifestation.

Le rendez-vous était fixé à 11h au miroir d’eau pour celles et ceux qui désiraient confectionner ou peaufiner leur déguisement et maquillage, en vue du » Grand Carnaval de la rentrée ». Plusieurs collectifs et organisations étaient signataires de cet appel à manifester contre la réintoxication du monde, notamment Attac 44, le Collectif de Création et Production Musicales, le Collectif Nantais de Défense du Carnet, Droit au Logement 44, le GIGNV, le Mouvement National de Lutte pour l’Environnement Pays de la Loire, UD Solidaires 44, Extinction Rébellion Nantes ainsi que Youth For Climate Nantes. Des artistes et intermittent·e·s membres du collectif Occupation Graslin – Culture en Lutte étaient aussi présent·e·s, notamment pour réaffirmer leur opposition aux réformes du régime des retraites et de l’assurance-chômage. Des militant·e·s du collectif Bure En Retz avaient également fait le déplacement pour dénoncer l’enfouissement des déchets nucléaires et chimiques, responsables de la pollution des nappes phréatiques.

Dans la continuité des trois mobilisations précédentes organisées en 2021, les participant·e·s ont rappelé les effets bénéfiques sur le climat de la mise en pause des grandes industries polluantes lors du premier confinement lié à la pandémie mondiale. Iels ont réaffirmé la nécessité de remettre la protection de l’environnement au cœur de l’agenda politique local aussi bien que global, dénonçant de ce fait les décisions absurdes de la municipalité. Pour rappel, en 2027, l’agglomération nantaise verra sortir de terre un « arbre aux hérons » au budget colossal : initialement estimé à 35 millions d’euros, ce projet se chiffre pour le moment à 52 millions d’euros, une somme jugée « raisonnable » par Fabrice Roussel, président de la métropole nantaise. On peut légitimement affirmer que l’implantation de cette structure participera à la gentrification du quartier populaire Bas-Chantenay au profit d’un tourisme déraisonné, le site officiel annonçant d’ores et déjà un objectif de 5000 visiteurs par jour.

Aux alentours de 14h, après les prises de parole de militant·e·s d’Extinction Rébellion et de Youth for Climate, le cortège s’est donc dirigé en musique vers la carrière Miséry, lieu choisi pour l’installation de cet arbre métallique. Arrivé·e·s sur place, les manifestant·e·s ont été accueilli·e·s par plusieurs fourgonnettes de la Compagnie Départementale d’Intervention, postées aux abords de l’immeuble Cap 44, face à la carrière. Selon nos sources, la présence des forces de l’ordre aurait eu pour but d’empêcher l’occupation de cet immeuble désaffecté et inutilisé depuis plusieurs années. Les ancien·ne·s habitant·e·s de la Maison du Peuple ont tenu à rappeler qu’après avoir été expulsé·e·s le 28 juillet dernier, iels attendaient toujours de l’équipe municipale une solution de relogement adaptée aux besoins réels et à l’urgence des situations des personnes sans abri. Une situation également dénoncé par l’Autre Cantine, cantine solidaire créée en 2018 et engagée dans l’intercollectif « Personne à la rue! ». Face à l’immobilisme de la municipalité, les habitant·e·s de la Maison du Peuple se sont donc réuni·e·s devant ce lieu symbolique afin de rappeler aux élu·e·s leurs obligations concernant le droit et l’accès à un logement digne pour tou·te·s. Il est de fait aberrant de constater que le nombre de personnes sans domicile fixe ne cesse d’augmenter dans une ville multipliant les projets immobiliers et qui compte un nombre important de bâtiments vides qui pourraient être réquisitionnés.

C’est donc sous le préau de cet immeuble que les personnes présentes se sont installées avec pour objectif d’interpeller la mairie. Des banderoles ont été accrochées au bâtiment, tandis que des animations s’enchainaient afin de maintenir l’ambiance festive du début de mobilisation. Fabien Gracia, maire de la Montagne, et Katell Andromaque, première adjointe à La Chapelle-sur-Erdre, ont pris la parole, soutenant la démarche des manifestant·e·s et rappelant ainsi à Johanna Rolland ses responsabilités de maire. Vers 17h, une compagnie de CRS est venue prêter main-forte à la CDI déjà sur place. Toutes deux se sont déployées pour déloger les quelques dizaines de personnes restantes de manière autoritaire. Ces dernières ont été contraint·e·s de rejoindre le centre ville et se sont installées place Bouffay, pour échanger et partager un repas distribué par les bénévoles de l’Autre Cantine.

Déployer un budget faramineux pour accueillir 500 000 touristes par an, tout en refusant de fournir des conditions de vie dignes aux personnes marginalisées et en se détournant des enjeux liés à la crise climatique mondiale, tel semble être l’objectif poursuivi par les institutions locales, en dépit de l’urgence écologique, sociale et culturelle.

Temps de travail : 3 journalistes mobilisé·e·s pendant 2 jours

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