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Journée de grève interprofessionnelle nantaise : et après ?

Ce mardi 5 octobre 2021, les rues de Nantes ont vu défiler quelques milliers de personnes à l’occasion de la journée nationale de mobilisation interprofessionnelle, à l’initiative des syndicats Solidaires, Force Ouvrière, CGT et FSU.

Le rendez-vous pour cette journée de grève était donné à 10h devant la préfecture de Loire Atlantique, qui a vu ses alentours se parer des couleurs de nombreux drapeaux syndicaux. Comme l’année passée, le soleil était au rendez-vous, tout comme les revendications liées à la crise sanitaire, notamment dans les secteurs du soin et de la santé.

Lors de leurs prises de parole, les syndicats n’ont pas manqué de rappeler les effets de la réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur le vendredi précédent. Comme l’a signalé Force Ouvrière, ce seront près de 24 000 chômeu·rs·ses qui verront leur allocation diminuer drastiquement en Loire-Atlantique. Sans oublier l’augmentation du prix de l’électricité, du gaz, du fioul et de l’essence, dont les effets se font forcément ressentir de façon plus importante pour les personnes déjà pauvres et/ou précaires. Des dépenses mensuelles vitales, qui ne seront bien évidemment pas compensées par la hausse dérisoire du SMIC ou un « bouclier tarifaire », mais par une réelle revalorisation du travail et des salaires. Les syndicats ont exigé, dans ce contexte, l’abandon de la réforme de l’assurance chômage et de celle des retraites, une augmentation nette du SMIC allant jusqu’à 2000 euros bruts par mois (comme l’a précisé la CGT), la fin du gel du point d’indice dans la fonction publique et des embauches massives dans les secteurs du soin et de la dépendance.

Concernant les revendications liées à l’emploi et la réforme des retraites, les syndicats ont réaffirmé leur opposition à un recul de l’âge de départ. A l’inverse, ces derniers prônent un départ à 60 ans, permettant aux retraité·e·s de vivre dignement et de profiter d’une retraite en bonne santé. Rappelons qu’en France, en 2017, l’espérance de vie en bonne santé était en moyenne de 65 ans pour les femmes et 62,5 ans pour les hommes.

De plus, les syndicats ont appelé à la mise en place de la semaine de 32 heures, qui permettrait de travailler moins, mieux, tout en facilitant les embauches des personnes sans emploi. Bon nombre de ces revendications étaient également celles des manifestant·e·s du 1er octobre lors de la mobilisation contre la réforme de l’assurance chômage, à laquelle n’étaient pas présents les syndicats FSU, FO et Solidaires. Ces derniers qui appellent pourtant à multiplier les mobilisations interprofessionnelles, solidaires et « unitaire » selon leur terme, dès ce 5 octobre.

Parmi les professions représentées ce mardi, une part non négligeable de travailleu·rs.ses du secteur de la santé, venu·e·s témoigner de leur épuisement. Applaudi·e·s lors du premier confinement, iels se retrouvent aujourd’hui pointé·e·s du doigt et sanctionné·e·s par la mise en place du pass sanitaire. En effet, près de 20 000 soignant·e·s se retrouvent sous la menace d’une sanction à ce jour, dans un secteur déjà affaibli par un manque de personnel chronique.

Dans le secteur public, la demande est à un plan d’embauche massif, l’arrêt de la fermeture de lits en pleine pandémie et la revalorisation significative des salaires. S’ajoute à ces revendications, pour le secteur privé, celle de l’accès pour tou·te·s à la prime Ségur, tant pour le personnel soignant que non soignant. Partout, fatigue, frustration, arrêt maladie et ras le bol jalonnent le quotidien, affectant la qualité des soins apportés dans tous les établissements : EHPAD, Maison d’Accueil Spécialisé et le Foyer d’Accueil Médicalisé, hôpitaux publics et privés, comme nous l’ont expliqué une partie des personnes interrogées dans notre podcast ci-dessus.

Tout comme l’année dernière, l’enjeu central qui ressort de cette manifestation est celui de la convergence des luttes. Plusieurs personnes interrogées ont ainsi évoqué l’urgente nécessité de mobiliser tous les secteurs en vue d’une grève générale, indispensable pour inverser le rapport de force et remettre enfin les questions sociales au cœur du débat à l’aube de la course aux élections présidentielles.

Temps de travail : 3 journalistes mobilisé·e·s pendant 1 jour

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