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Lutte antiraciste nantaise : entretien avec le collectif Isonomia

Créé cette année, ce collectif lutte pour l’égalité de droits et l’émancipation des personnes victimes de racisme. Le 19 octobre dernier, nous avons questionné un de ses membres, Ræve, afin d’en savoir plus sur cette initiative locale à visée globale.

Organisation ou participation à des manifestations, création de « spaces » sur Twitter, présence lors de meetings politiques locaux pour mettre la question antiraciste au centre du débat… Les moyens d’action dont s’est dotée Isonomia, association de fait créée en 2023, sont nombreux et complémentaires. Les membres de ce collectif ont bien conscience qu’il est nécessaire d’être présent·es partout, y compris là où on ne les invite pas et où on ne les attend pas, afin d’atteindre l’objectif exprimé par leurs slogan : Pour Une Révolution Égalitaire.

Étant investi·es dans les luttes locales depuis plusieurs années, les membres d’Isonomia ont mis leurs connaissances en commun afin de donner une place centrale à la lutte antiraciste et de coordonner les actions des collectifs et organisations locales, autour de cette question. Isonomia se compose d’un noyau dur de personnes qui œuvrent bénévolement à la mise en place de toutes leurs actions, dans une démarche la plus horizontale et autonome possible. Cette autonomie se retrouve dans le choix d’être une association de fait et ainsi de ne dépendre d’aucune subvention, ni de risquer la dissolution administrative, menace désormais habituelle en France pour de nombreux collectifs antiracistes.

Pour favoriser la compréhension des systèmes de domination en place dans notre société, qui s’appuie sur des inégalités structurelles assignant des places aux personnes en fonction de leur genre, de leur classe, mais aussi de leur race sociale, Isonomia a mis en place différents outils sur les réseaux sociaux. Particulièrement actif sur Twitter, le collectif organise très régulièrement des « spaces » faisant intervenir des personnes investies dans les luttes antiracistes, postcoloniales et décoloniales.
Une démarche d’éducation populaire, au même titre que lorsque le collectif participe à l’organisation d’événements au sein des maisons de quartier nantaises. Loin d’être antinomiques, ces façons de lutter s’avèrent complémentaires, l’échelle locale permettant de créer du lien et de soutenir un tissu associatif parfois fragilisé dans les quartiers populaires, les réseaux sociaux permettant d’aborder des problématiques plus globales en les rendant accessibles à un plus grand nombre.
Conscient·es de la nécessité de diversifier leurs modes d’action, les membres du collectif n’hésitent pas à s’inviter à des meetings politiques, prenant le micro pour dénoncer l’entre-soi de ces réunions et l’absence de considération des problématiques rencontrées par les personnes victimes de racisme. Iels participent également à des rassemblements dans les quartiers populaires, afin de soutenir les habitant·es et de contraindre les responsables politiques à agir pour l’amélioration des conditions de vie des personnes concernées.

Afin d’approfondir les notions abordées dans leurs différents espaces de lutte, les membres du collectif proposent régulièrement des ressources sur leurs réseaux sociaux. Voici donc une liste non exhaustive de leurs recommandations : Le contrat racial, de Charles W. Mills (traduction d’Aly Ndiaye), Pensées décoloniales, une introduction aux théories critiques d’Amérique Latine, de Lissell Quiroz et Philippe Colin, la série documentaire de Raoul Peck, Exterminate All the Brutes, ainsi que le blog de Cases Rebelles.
Récemment, Isonomia a organisé un space abordant la question des violence dans les luttes anticoloniales, afin d’apporter des éléments de compréhension de la situation actuelle en Palestine occupée, et notamment à Gaza. Le traitement de l’actualité globale dans une perspective antiraciste et anticoloniale s’avère en effet indispensable pour contrer la désinformation omniprésente dans les médias généralistes sur ces sujets, médias qui se contentent bien souvent de tendre un micro complaisant à des « éditorialistes » racistes, misogynes et réactionnaires. Nous vous encourageons donc à suivre et à relayer le travail d’Isonomia, aussi bien sur le terrain que sur les réseaux sociaux, pour une révolution égalitaire.

Temps de travail :

  • Préparation interview par Luth et Suvann : 2h30
  • Interview réalisée par Luth : 1h
  • Prises d’images et traitement par Suvann : 45mn
  • Rédaction de l’article par Luth et Suvann : 2h30
  • Montage par Luth : 2h

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