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Solide convergence des luttes contre l’inaction totale de la ville de Rennes

Ce samedi 16 octobre 2021, à Rennes le FRAP a appelé à une Pride radicale en réponse aux trop nombreuses prides dépolitisées au service du capitalisme. Ce même cortège a rejoint l’Inter-organisation de Soutien aux personnes exilé·es·x, convergeant dans une même marche.

Le rendez-vous fixé par le Front Révolutionnaire AntiPatriarcal (FRAP) au Mail François Mitterrand à 13h a réuni plusieurs centaine de personnes. L’année dernière, à Rennes comme à Nantes, La Manif pour tous (LMPT) s’était rassemblée, entourée et protégée par les forces de l’ordre tandis que des cortèges LGBTQIA+ s’étaient organisés pour ne pas leur laisser la rue. A Rennes, le cortège LGBTQIA+ s’est fait attaqué par le service d’ordre LMPT. S’ajoute à cette violence, le ras-le-bol de voir les prides se dépolitiser au fil des années. C’est pourquoi le FRAP a appelé à une Pride radicale, « déter et solidaire », afin de remettre les revendications au cœur même de ces mobilisations.

Les manifestant·es·x ont débuté la marche dans une atmosphère festive bien que revendicative. Le départ n’a pas été marqué par une prise de parole mais par une invitation par des membres de l’organisation à déambuler en musique. Des tracts comportant les slogans ont été distribués avant le départ. Le caractère radical de la Pride y était déjà retranscrit : « Flics, État, patriarcat, même racine, même combat », « PMA trans inclus·es·x », « Sous l’arc-en-ciel, la révolution », « De l’air, de l’air, ouvrez les frontières, la méditerranée est une cimetière », « Fier·es·x véner et feu aux frontières ».

Ces revendications radicales étaient aussi portées fièrement sur des pancartes de militant·es·x déterminé·es·x. On a entendu autant des critiques frontales à l’égard de la Sofect, société qui interfère et entrave la libre transition des personnes trans, et contre la pathologisation des personnes LGBTQIA+ par le milieu psychiatrique que des dénonciations de notre système raciste, patriarcal, queerphobe et hétéronormatif. Quelques militant·es·x ont exprimé·es·x leurs revendications, dans notre podcast ci-dessus.

Tout au long de la mobilisation, aucune présence policière n’a été notifiée, alors même que les manifestant·es·x se sont imposé·es·x au cœur de la ville, notamment place de la mairie, place Sainte Anne et rue d’Estrées. C’est place Charles de Gaulle que la Pride est arrivée en soutien à la mobilisation pour les personnes sans-papiers. Cette dernière a été appelée par l’inter-organisation de soutien aux personnes exilé·es·x (comprenant notamment Utopia56, unpeudedignite, Sud Éducation 35, CGT Éduc’action 35, FCPE 35, UL-CNT 35…) pour demander à la mairie de Rennes une régularisation massive des personnes sans papiers et des solutions immédiates pour loger en urgence les familles qui vivent actuellement au camp des Gayeulles dans des conditions indignes : sous tente, au mois d’octobre, à moins de 15 jours de la trêve hivernale.

Le cortège de la Pride a laissé la place (physique et sonore) aux discours et prises de paroles des personnes sans papiers et à leurs soutiens. Rennes, ce 16 octobre 2021, était bel et bien en convergence : les militant·es·x LGBTQIA+ ont écouté et puis suivi le cortège de soutien aux personnes sans papiers, reprenant les slogans sur l’ouverture des frontières et l’accès au logement pour tous·tes·x, inconditionnellement et maintenant.

Les deux cortèges ont parcouru quelques rues, au son d’une fanfare, avant de commencer une action politique forte : la réquisition des locaux d’une école désaffectée depuis plusieurs mois, appartenant à la mairie, pour permettre aux familles sans solutions de logement décentes d’avoir un toit, au moins pour cette nuit-là. Une cinquantaine de militant·es·x sont resté·es·x mobilisé·es·x pour maintenir une présence sur le lieu, en attendant la venue de l’adjoint au maire de Rennes, Jean-François Monnier de l’Union Démocratique Bretonne. Ce dernier arrive rapidement, et devant les familles délaissées par la mairie et en situation de grande détresse, annonce que le lieu ne sera pas évacué par la police ce soir. Il va jusqu’à ajouter qu’il va chercher une solution pour ré-ouvrir l’accès au gaz pour qu’elles bénéficient de l’eau chaude.

L’espoir et le soulagement étaient palpables au sein des familles sans logement du campement des Gayeulles, étant donné qu’elles subissent descentes et contrôles de police, et ce, plusieurs fois par jour. Le représentant de la mairie a même été remercié de son aide par les familles. Ces promesses se sont avérées vaines et prématurées puisqu’il a fallu moins de trente minutes pour que Jean-François Monnier revienne sur sa parole. En effet, après un entretien téléphonique avec la ville de Rennes, il annonce que l’école sera finalement évacuée par la gendarmerie mobile dès le soir même. Des familles décident de retourner d’elles-mêmes vers le campement tandis que d’autres décident de rester. Une heure s’écoule avant l’arrivée des forces de l’ordre, il est alors 19h.

Alors qu’aucune menace de résistance physique n’était perceptible, le commissaire prononce deux sommations et contraint la trentaine de militant·es·x encore présent·es·x à reculer. Les forces de l’ordre ont donc pu procéder à l’évacuation des familles encore présentes à l’intérieur de l’école et de plusieurs dizaines de soutien, en une vingtaine de minutes à peine.

Loin de se résigner, les manifestant·es·x ont fait entendre leur colère et leur désaccord, tout au long de cette évacuation, par des slogans et des cris d’indignation dirigés contre les autorités, la ville de Rennes (et sa maire Nathalie Appéré) et l’état français, raciste et xénophobe. La mobilisation a pris fin pour cette journée mais l’inter-organisation a appelé à un rassemblement devant la mairie de Rennes, le lundi 18 octobre.

À ce jour, les familles sont toujours en danger et sans solution de logement. Pire, leur situation semble se dégrader puisque la préfecture a ordonné un référé d’expulsion pour les habitant·es·x du campement des Gayeulles. Alors même que la responsabilité de la préfecture et de la mairie est de garantir un accès au logement pour tous·tes·x, elles faillissent toutes deux à leur devoir et font preuve d’une absence totale d’humanité. 

Temps de travail : 3 personnes pendant 12h chacune

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