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Journée de mobilisations plurielles dans les rues nantaises

Samedi 13 février, l’appel du mouvement artistique nantais #Ragedelart a réuni professionnel·le·s et amat·eurs·rices du monde du spectacle, pour une déambulation festive et revendicative. D’autres mobilisations lui ont emboîté le pas sur les pavés nantais.

Créé courant janvier 2021 par Laetitia Lopez, directrice artistique et réalisatrice nantaise, et Ely Morcillo, danseuse interprète, performeuse et chorégraphe nippo-colombienne, le mouvement #Ragedelart a d’abord pour but d’affirmer haut et fort l’aspect essentiel de la culture dans nos vies. Pour ce faire, les créatrices de ce mouvement artistique ont décidé d’organiser une déambulation massive samedi 13 janvier 2021, laissant la part belle à différentes performances artistiques tout au long du parcours. L’appel lancé par le collectif a été relayé sur les réseaux sociaux et a ainsi permis aux professionnel·le·s et aux amat·eurs·rices de s’investir, chacun·e à son niveau, pour faire de cette manifestation un moment de revendication et de partage. Les participant·e·s étaient invité·e·s à s’inscrire via un formulaire sur la page HelloAsso du mouvement, page sur laquelle se trouvait également l’appel du mouvement, visible ci-après:

MOUVEMENT #RAGEDELART
Des centaines d’artistes pour des performances revendicatives suivies d’une marche dans l’espace public en partenariat avec Ouvrir l’horizon – Paniers artistiques en Pays de la Loire, Culture en Lutte, SYNAVI et la CGT Spectacle.
Chorégraphiée, mise en scène, scénarisée, filmée.
Pourquoi ?
Parce que l’accès à la culture est un droit garanti par l’article 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : “Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent”.
Parce que nous sommes des centaines de milliers d’artistes en France, et qu’en cette période morose, des millions de français ont plus que jamais besoin de rire, de se divertir, de se cultiver, d’admirer, de contempler…
Et parce que pour nous, ne pas travailler aujourd’hui signifie ne pas pouvoir cotiser pour nos retraites, pour l’assurance maladie, pour nos droits sociaux, et que c’est donc tout le secteur de la culture qui est menacé de disparaître.
Enfin, pour démontrer au gouvernement que l’industrie culturelle pèse 47,5 milliards d’euros en France, soit près de 2,3% du PIB*, et que OUI, NOUS SOMMES ESSENTIELS ET VITAUX.
*Un poids économique comparable à celui de l’industrie agro-alimentaire et 1,9 fois plus important que celui de l’industrie automobile. Source : « Le poids économique direct de la culture en 2017 », DEPS du Ministère de la Culture.
Nous exigeons :
L’ouverture des lieux culturels et de tous les lieux susceptibles d’accueillir du public, dans le respect des normes sanitaires
La création d’un fond économique permettant d’assurer, dans le futur, la rémunération des artistes
La reconnaissance du droit vital à la culture et au spectacle vivant
Que le silence de la culture ne soit pas remplacé par l’absence de culture
Comment ?
Une performance revendicative et une marche massive sur plusieurs kilomètres dans la ville de Nantes, avec différentes performances chorégraphiées, mises en scène, scénarisées et filmées pour exiger du gouvernement ce que le secteur de la culture mérite. Nous nous inscrivons également dans un mouvement solidaire envers tous les autres secteurs touchés par la crise sanitaire.
Nous performons car :
– Nous sommes privé.e.s du droit à travailler dignement
– Nous avons besoin d’être écouté.e.s et pris.e.s en compte dans les décisions
– Sans la rencontre avec son public, que reste-t-il de l’art?
– Nous voulons recommencer à vivre de notre art, et non plus survivre
– Nous avons le devoir de défendre la place de la culture, de la faire ré-exister et perdurer
Qui ?
Appel à tou.tes les artistes et technicien.nes du spectacle, pour performer le 13 février, inscription ici-même
Cher public, nous vous donnons rendez-vous le 13 février 😉
Quand ?
Le 13 février à 14h au Miroir d’Eau à Nantes.
Instagram: @ragedelart
Youtube: #ragedelart (Tutoriels Danse)
Facebook: Événement #RAGEDELART_Appel à Performer & Déambulation massive à Nantes
Mail: ragedelart@gmail.com
ARTISTES UNIS ? JAMAIS VAINCUS !

Le rendez-vous du départ de la déambulation était donc à 14h00 au Miroir d’eau. Une chorégraphie interprétée par une cinquantaine de danseurs et danseuses, amat·eurs·rices et professionnel·le·s, toustes présent·e·s bénévolement, a donné le ton de cette manifestation. Un moment fort, grâce à l’interprétation énergique et enthousiaste des danseu·rs·ses, qui s’est répandue parmi les spectat·eurs·rices. Suivant la batucada, la foule s’est ensuite dirigée allée Flesselles, où se sont produits les arts de rue et du cirque, ainsi qu’une fanfare. Jongleurs et jongleuses, cracheurs et cracheuses de feu, clown, hula hoop, échassière, bulles géantes et acrobaties ont captivé petit·e·s et grand·e·s.

La batucada toujours à sa tête et suivie par près de 2000 personnes, le cortège a ensuite emprunté la rue du Calvaire en direction du théâtre Graslin. Une performance théâtrale a ensuite été jouée sur les marches du bâtiment, face à une foule attentive malgré le manque de sonorisation amplifiée. La manifestation s’est clôturée par une réinterprétation à plusieurs voix du morceau emblématique et fort à propos du non moins emblématique groupe britannique Queen, The Show Must Go On. La parole a ensuite été donnée à Martine Ritz, représentante du syndicat CGT Spectacle, comédienne et costumière bien connue dans l’univers du spectacle vivant nantais. Celle-ci a d’abord remercié toustes les participant·e·s, artistes et public, puis elle a dénoncé le manque de considération et de réalisme du gouvernement face à la détresse du secteur artistique et culturel français. Sa prise de parole, disponible en intégralité dans notre podcast ci-après, a été saluée par de nombreux applaudissements.

À l’issue de cette prise de parole, une autre manifestation a fait son irruption place Graslin, créant la surprise générale. Environ 150 personnes, sympathisant·e·s pro-kurdes, sont ainsi arrivé·e·s sur la place, répondant à l’appel du Conseil démocratique kurde en France. Manifestant contre Erdoğan et pour la libération de l’homme politique kurde Abdullah Öcalan, la centaine de personnes s’est ensuite dirigée vers la place de du Commerce. La batucada, suivie de près de 200 personnes, s’est quant à elle rendue au croisement des trams, où se trouvaient au même moment les sounds systems défilant une nouvelle fois contre la répression, à l’appel du comité de soutien aux inculpé·e·s de la Maskarade. Suivie par plus de 2000 personnes, dont certain·e·s présent·e·s à la déambulation #Ragedelart, les camions-sono ont pris la direction de la préfecture, pour y finir cette après-midi festive et revendicative. Espérons que la prochaine journée de mobilisation culturelle et artistique, prévue le 4 mars 2021, date anniversaire de première fermeture des lieux culturels du fait de la pandémie, rassemble encore davantage. Pour que nos besoins de fête et de partage soient enfin pris en compte à leur juste valeur : essentiels.

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