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Squat de l’Orangeraie : la mairie de Nantes n’offre aucune solution

Malgré deux mobilisations mardi 12 et vendredi 15 janvier 2021, l’intercollectif « Personne à la rue! » n’a obtenu aucune réponse concrète de la part de l’équipe de Johanna Rolland.

Le rendez-vous était fixé à 11h00 mardi 12 janvier, devant l’entrée du squat de l’Orangeraie, au croisement des rues Daubenton et Babonneau. Une petite centaine de personnes, dont une grande partie de militant·e·s au sein d’associations membres de l’intercollectif « Personne à la rue! », telles que l’Autre Cantine, le GASPROM et ATTAC, se sont dirigé·e·s vers le centre-ville de Nantes, en direction de la Maison du peuple. Ce lieu, qui appartient à la fondation de la Providence, gestionnaire des biens immobiliers du Diocèse nantais, est un squat autogéré situé non loin de la place Graslin, rue Louis Préaubert. Ce lieu de résistances, qui est aussi un lieu de vie pour environ 80 personnes, est aujourd’hui menacé d’expulsion, la fondation de la Providence ayant pour objectif de le transformer en un complexe immobilier et commercial. La gentrification galopante du centre-ville nantais se poursuit, alors que la crise sanitaire a appauvri et précarisé les personnes sans-papiers, les privant des rares emplois accessibles hors pandémie.

Après l’étape à la Maison du peuple, le cortège s’est rendu devant la mairie de Nantes, réclamant que le chauffage et l’électricité soit enfin remis au squat de l’Orangeraie, où vivent près de 200 personnes. Une situation connue des services municipaux, notamment Yves Pascouau, élu du conseil municipal en charge des questions relatives aux populations exilées et avec lequel l’intercollectif échange depuis plusieurs semaines, sans qu’aucune demande n’aboutisse. Pire encore, la municipalité a organisé le 21 décembre dernier l’expulsion du squat situé à Moquechien, alors que celui-ci était chauffé, et a relogé les exilé·e·s qui y vivaient au sein de l’ancienne auberge de jeunesse de la Manufacture, lieu proposée par l’intercollectif pour les exilé·e·s vivant à l’Orangeraie ! Une décision incompréhensible pour l’intercollectif, qui a mis à mal la prétendue relation de confiance avec le conseil municipal nantais. Une délégation de cinq personnes a néanmoins été reçue au sein de la mairie ce mardi, pour exposer une fois de plus les demandes concernant la remise en service du chauffage et de l’électricité. Un rendez-vous qui a duré plus d’une heure, pendant lequel les manifestant·e·s ont fait un passage devant la préfecture, pour rappeler sa responsabilité dans cette situation.

À 15h15, le cortège est retourné devant l’hôtel de ville et la délégation qui en est ressorti a annoncé qu’aucune solution proposée par l’intercollectif n’était retenue par la mairie, comme lors des précédentes réunions. Installation de compteurs forain pour l’électricité : « Pas adapté pour ce type d’usage » ; groupe électrogène : « à l’étude » ; relogement dans des lieux vides adaptés et chauffés, notamment des centres de vacances appartenant au Conseil départemental : « à voir ». La mairie semble chercher à gagner du temps pour masquer son inefficacité et propose donc un autre rendez-vous le vendredi 15 à 12h30.

Vendredi 15 janvier, le rendez-vous était donc donné par l’intercollectif à 12h devant la mairie. Sur place, avec plusieurs véhicules de la police nationale dans les rues adjacentes, l’écœurement gagne vite les rangs des quelques soutiens venus. Par un mail envoyé une heure et demie plus tôt, l’équipe d’élu·e·s a en effet annulé la réunion, « en raison des nouvelles dispositions sanitaires » annoncées la veille par le premier ministre. Un faux prétexte, particulièrement irrespectueux et à l’image de la considération des élu·e·s pour la situation de ces mal logé·e·s, pour ne pas assumer la démission des pouvoirs public face à la détresse des habitant·e·s de l’Orangeraie. Néanmoins, la détermination reste intacte et un petit groupe réussit à s’infiltrer dans l’enceinte de la mairie avec une banderole. Une heure plus tard, la situation sanitaire s’est apparemment améliorée car on annonce que les militant·e·s vont finalement être reçu·e·s… Une réunion de plus, à l’issue de laquelle aucune proposition n’est faite : le générateur proposée par l’intercollectif pour fournir l’électricité à l’Orangeraie serait trop risqué ; concernant un relogement dans des lieux adaptés et actuellement vides, les services municipaux n’ont même pas pris la peine de contacter leurs collègues du Conseil départemental, comme convenu pourtant 3 jours plus tôt. Un statut quo révoltant, dans une ville aussi riche et disposant d’autant de lieux vides que Nantes, qui ne demandent qu’à être ouverts pour mettre à l’abri toutes les personnes qui en ont besoin. Les vies de plusieurs centaines de personnes sont donc mises en danger par des pouvoirs publics qui se renvoient la balle, au mépris de la dignité humaine et de la solidarité, laissant les associations et les militant·e·s seul·e·s pour faire face au désespoir des exilé·e·s, des personnes sans-abri et de toustes celleux qui se retrouvent isolé·e·s et laissé·e·s pour compte.

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